jeudi 8 décembre 2011

Interview Brucéro : « La culture celtique, c’est la toile de fond de mon univers »

Lutin de l'album Donemat du groupe de rock breton par Brucéro
Le korrigan de Donemat
Un korrigan sur une pochette de disque ? Non, vous ne rêvez pas ? Daonet pour son nouvel album Donemat a fait appel au monde imaginaire et onirique de l’artiste illustrateur du petit peuple, magicien de l’image : j’ai nommé Brucéro. Ce dernier baigne dans le chaudron de la culture celtique, créant un univers de fées, de paysages, de trolls et de korrigans, envoûtant. Explorant les contrées musicales du trio rock nantais, il a façonné un personnage, reflétant l’âme de Daonet : puissant, facétieux et dynamique. Brucéro vous révèle les coulisses et la genèse de sa création pour le groupe.






Brucéro, qui es-tu ? Quel est ton parcours ? 

Brucéro, illustrateur féérique
Je suis un illustrateur né en Bretagne, amoureux de la culture celtique. Ma région de naissance a d’ailleurs beaucoup d’influence sur les créations que j’ai faites et celle que je crée. L’illustration m’a permis d’allier deux envies : la peinture et la BD, une sorte de compromis entre les deux arts. L’illustration permet une recherche d’images plus élaborée et poussée que la BD. Elle favorise l’expérimentation et l’exploration de plusieurs domaines, et façons d’aborder l’image.  Je suis autodidacte. J’ai commencé par réaliser des affiches pendant 3 ans pour un club dans la région de Lorient, qui m’employait pour leur communication. J’ai eu la chance d’être libre dans les sujets, les manières de les interpréter et c’est là que j’ai redécouvert les légendes et mythes celtiques. Ces premières images celtiques m’ont marqué et j’ai eu la certitude qu’il s’agissait d’un univers me correspondant. Fort de cette expérience en matière d’affiches, j’ai voulu ensuite rentrer dans le monde de l’édition, afin de construire une histoire entière et non plus des travaux uniques. Quand j’ai dessiné les images de l’ouvrage Merlin, je me suis replongé dans cet univers pour remettre mes connaissances à jour. Il était indispensable pour moi de connaître ce personnage pour mieux l’incarner, pour vivre avec lui. J’ai besoin d’être en empathie avec ce que je fais, d’être en totale immersion avec les personnages, les paysages que je dessine.

Quelles sont tes influences, tes sources d’inspiration ? 

Les grandes stars de l’école anglo-saxonne m’inspirent pour l’illustration celtique et fantastique, notamment Alan Lee, Brian Froud, PJ Lynch, Arthur Rackham. Mais je suis sensible aussi aux peintres préraphaélites. Ce qui me plaît chez eux, c’est le souci de la qualité de l’image, l’aspect vivant de celle-ci. Ils parviennent à rendre réels une scène, un paysage, avec poésie, grâce et évidence.

Comment caractériserais- tu ton univers ? 

La culture celtique, c’est la toile de fond de mon monde, mâtinée d’un moteur de création indépendant qui est l’imaginaire. D’où mon attirance pour cette culture féérique, car l’imaginaire y tient une place prépondérante. Ensuite je donne ma vision personnelle, inspirée de cette culture.

Comment travailles- tu ?
 
J’ai deux manières de créer. La vision s’impose à moi d’office, je dessine alors en fonction de ma visualisation et de mon ressenti. L’autre manière réside dans le dessin automatique. Je dessine alors sans but, au hasard, je laisse la possibilité au trait de suivre sa propre voie. De là jaillissent et naissent des idées, des essais, qui donnent lieu à des personnages gribouillés, mais dotés de personnalité. Je sais immédiatement quand ils vont jouer un rôle.

Justement, comment est né le lutin que tu as réalisé pour la pochette de Daonet ? 

La première idée qui m’est venue à l’esprit était celle d’un personnage plus viril, plus sévère, mais qui n’était pas pertinent par rapport à la musique du groupe. J’ai donc cherché dans un autre sens, moins effrayant, plus doux en collaboration avec les souhaits du groupe. Et là, j’ai laissé faire le crayon. Et le personnage est tombé au bout du 3 ème coup de crayon. Côté technique, j’ai utilisé le crayon de papier et l’acrylique.

Quelles sont les caractéristiques du lutin ?
  
Crayonné du korrigan
Il possède un petit côté pantin désarticulé, ce qui lui donne une dynamique de mouvement, on peut presque sentir les fils qui le font bouger. Surtout il me permettait de remplir l’espace d’une pochette de disque en format carré. C’est la seule contrainte technique que je me suis imposé. Ce qui m’a permis d’explorer un autre terrain : celui du disque. Ensuite il a fallu l’habiller et lui donner une fonction. J’ai donc dessiné un instrument dans le dos, le transformant en troubadour, ce qui me paraissait cohérent pour une pochette de groupe. Le lutin a un donc un grand bonnet avec un revers, deux plumes plantées dans le bonnet, un petit gilet sans manche en cuir avec une ceinture, une sorte de bermuda, des pieds nus sales et pleins de poils. Il porte une sacoche avec un petit animal dont on ne voit que les yeux. Et il est doté d’une sorte d’instrument hybride à cordes, mi viole, mi lyre, sur un coffre de calebasse.

Quels sont tes projets ?

Après l’ouvrage A la Recherche de la Mandragore (paru chez Glénat) et le CD livret le Chant de la Mandragore en collaboration avec Pascal Lamour, nous travaillons sur un projet de livre encore plus ambitieux, prévu pour 2013 qui se veut une sorte de continuité de la Mandragore plus qu’une suite. Concernant le livret du CD, j’ai opté pour la recomposition et réorchestration des dessins du livre, et j’en ai refait un nouveau : l’Ankou, personnage primordial pour moi de la culture celtique. 

Brucéro a réalisé également les illustrations du calendrier Diwan 2009, il a collaboré au projet de l’exposition Sire Lanval avec le centre de l’imaginaire arthurien, il a signé les illustrations des livres : Le livre secret de Merlin ( 2007, éditions Vent des Savanes), A la recherche de la Mandragore (2010, éditions Glénat), le livret du CD Le Chant de la Mandragore ( 2011, BNC Productions.)

Propos recueillis par Chloé Chamouton

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